
Passer une dizaine, ce n’est rien, on est bien d’accord. Les jours se suivent, tous les matins on se lève, tous les soirs on se couche, et voilà. Mais quand même. Déjà, ça m’aura offert l’occasion de lire les mots de mon mari, et tous vos messages qui me remplissent le cœur de chaleur et de douceur. Rien que pour ça, ça vaut la peine de naître et de passer les années jusqu’aux dizaines.
Après, vous me connaissez, j’aime me poser des questions. Et je trouve l’invitation plus forte en franchissant cette dizaine-là. L’invitation à regarder, derrière les décennies passées, devant les décennies à venir.
Derrière ?
C’est curieux n’est-ce pas ? La vie est ainsi faite que nous sommes à la fois l’acteur et le spectateur. Le temps qui passe nous transforme et une fois qu’il est bien passé, nous donne les clés pour comprendre ce qui nous est arrivé…
Première dizaine, nos parents, notre famille, notre environnement, construisent le cadre. Nous donnent une structure. À partir de « rien », créent « quelque chose ».
Deuxième dizaine, le temps est passé, ça se complique… Ce « quelque chose » – on ne le sait pas encore bien sûr – peut être aligné ou pas avec ce que nous sommes réellement – dont nous n’avons aucune idée non plus d’ailleurs. Ça peut ou pas faire des étincelles, le temps d’ajuster, d’équilibrer, de comprendre. Et puis, que la structure héritée au départ nous corresponde ou que nous la rejetions pour en construire une autre à la place, que cela prenne un an, deux ans ou cinq ans, une fois que nous nous sentons prêts, c’est parti : nous commençons à appuyer dessus les éléments de ce que nous croyons être « notre » vie.
Troisième dizaine, alors là, « chacun sa route, chacun son chemin », comme dit la chanson. Pour certains, tout se passe comme ils l’ont prévu, et ils peuvent le vivre bien comme ils peuvent le vivre mal. Pour d’autres, rien ne se passe comme ils l’ont prévu et ils peuvent tout autant le vivre bien ou le vivre mal. On réalise plus ou moins, on accepte plus ou moins aussi, que nous avons cru savoir qui nous étions, voire qui nous aurions aimé devenir, alors qu’en fait… bin non, toujours pas !
Quatrième dizaine, ah, là, le temps est bien passé ! Nous commençons à avoir vécu des expériences, rencontré des gens. Nous avons pris de l’épaisseur. Nous comprenons mieux comment fonctionne le monde autour de nous, nous prenons conscience que nous y occupons une place, dans le temps comme dans l’espace. Nous ne savons toujours pas qui nous sommes, mais grande révolution, nous savons maintenant que nous ne le savons pas ! Et puis, à défaut, nous savons de mieux en mieux qui nous ne sommes pas.
Devant ?
« Devant », vous vous rendez compte, la chance incroyable, déjà, d’avoir passé quatre dizaines et de pouvoir encore regarder « devant » ? J’ai eu deux infections cet automne, et chacune d’entre elle m’aurait tuée s’il n’y avait pas eu les antibiotiques. Vous savez de quand ça date, les antibiotiques ? Début des années 40… 1940. Pas 940… C’est à peine avant-hier ! Quelle chance nous avons de vivre dans cette époque où les antibiotiques existent ! Ça nous paraît tellement évident ! Mourir d’une infection, mais quelle idée ?
On entend souvent : « Après 70, c’est du bonus ». Ou « Après 80, c’est du bonus ». Ou « Après 90, c’est du bonus ». En fait, chaque jour, dès le tout premier, c’est du bonus ! Les progrès de la médecine nous le font trop oublier.
Ceci étant dit, quand je regarde devant, que vois-je ? Rien. Je ne veux rien voir d’ailleurs. C’est inutile d’essayer de voir devant, on perd son temps, son énergie. On se fait des nœuds à l’estomac pour rien. Devant, il y a des choses à vivre. Et j’espère bien les Vivre.
Et aujourd’hui ?
Revenons à des considérations plus concrètes. Peut-être en effet que passer une dizaine, ce n’est rien. Mais celle-ci, quand même, je trouve qu’elle tape…
Vous parlez souvent de ma soi-disant « énergie » ? Elle est en train de disparaître, figurez-vous ! Mes journées se sont rétrécies de deux bonnes heures en quelques mois ! J’ai pensé un temps à l’option « prendre un café vers 18h », pour retrouver mes soirées d’antan. Mais après réflexion, je préfère accepter. J’ai quarante ans, voilà. Je vais vivre avec l’énergie qu’il me reste, nous verrons bien où cela nous mène.
Autre changement : les yeux ! Je ne vois plus clair, je dois demander aux enfants de me lire les panneaux quand je conduis… Ça vient après les dents l’année dernière, non, vraiment, quand je vous dis qu’elle tape, cette dizaine !
Ah ! Et alors, le pompon ! Regardez un peu la maison !!! Ici, le salon, ce matin, 18 janvier… Vous vous dites : « Ils attendent le prince Harry en personne là ou quoi ? » Eh bien non, il est comme ça depuis le 1er janvier !

Le linge est traité, la vaisselle est faite… Pour rappel, au 31 décembre, la maison était comme avant, comme elle a toujours été, comme était ma chambre quand j’étais jeune (n’est-ce pas les parents ?), mon bureau quand je travaillais dans un bureau (n’est-ce pas Barbara ? ;)), c’est à dire… un peu comme ça :

Là-dessus, je suis quand même optimiste : je veux croire qu’il s’agit d’une conséquence temporaire et réversible de la quarantaine et que très vite je vais redevenir moi-même ! Oh là là, comme ça tape !
D’ailleurs, nous sommes le soir, il est bientôt 22 h, je vais vite me coucher car demain… il va falloir se lever !
Vive la quarantaine, et vive la Vie !
Ah ah ah, en effet, que de bons souvenirs le rangement de ton bureau… 😉
Et les rappels de tes rdv, des dates d’anniversaire, etc… 😄
Bravo pour ton explication et analyse des quatre premières décennies, toujours un plaisir de te lire !
As-tu pris rendez-vous chez ophtalmologue ? 😂
À bientôt j’espère
Je vous embrasse tous
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Merci Lorène pour cette belle rétrospective 🙂🙂. Bon début de quarantaine avec de belles années à venir à vivre entourée de ta super tribu. Merci d’être présente dans nos vies à tous….
Plein de Byz
Erik (kipik)
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Et, ça ne s’arrange pas ! courage ! bisous. MThé
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Ma chérie, très contente d’avoir lu le texte de ton mari en ton honneur , il a toute à fait raison! Et moi que vais-je dire je suis monté au 7 étage avec mes enfants et mes petites filles et j’ai quelque bobos mais je ne me plain pas.
Je vous embrasse très fort et potou spécial pour Josephine❤️
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Oh oh oh … Lorène en Poulerousse … j’avoue avoir un petit peu de mal à le croire. A la manière de Saint Thomas, je demande à voir ! Mais ma chère Lorène, ce que la famille, ou du moins bibi, avec son esprit rétréci et cartésien, pouvait considérer comme faisant désordre (sans jeu de mots !), était largement compensé par la Lorène découverte il y a bientôt 15 ans et dont ton mari notre fils, fit le portrait que nous savons, sautant d’ailleurs adroitement sur ce, disons, trait de caractère ! Belle année à toi, poulerousse … ou pas !
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